Nichée au cœur de la Tasmanie occidentale, la Gordon River est l’un des joyaux naturels les plus emblématiques de l’Australie. Elle traverse une région classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, réputée pour son isolement, sa biodiversité et son importance écologique. Loin des grands axes touristiques, la rivière serpente à travers des paysages intacts, entre forêts pluviales millénaires, montagnes recouvertes de végétation dense, et falaises escarpées.
Ce fleuve majestueux prend sa source dans les montagnes du centre-ouest de l’île et descend lentement jusqu’au port de Macquarie, aux abords de la petite ville de Strahan. Cette partie de la Tasmanie offre un rare aperçu d’une nature préservée, où l’activité humaine a laissé peu de traces visibles. Naviguer sur la Gordon River, c’est découvrir un monde à part, un sanctuaire où le temps semble suspendu.
La région n’a pas toujours été aussi paisible. Dès le début du XIXe siècle, l’île Sarah, située à l’entrée du port de Macquarie, servait de colonie pénitentiaire. Construite en 1821, elle accueillit des prisonniers envoyés depuis d’autres colonies australiennes. Isolée par les eaux tumultueuses et les forêts inaccessibles, elle était considérée comme l’un des lieux de détention les plus impitoyables du pays.
Malgré la surveillance, plusieurs tentatives d’évasion eurent lieu, souvent avec des issues tragiques. Les détenus préfèrent braver les montagnes et les pluies glaciales plutôt que de rester enfermés. L’île abritait aussi un chantier naval rudimentaire, où des embarcations en bois de pin Huon étaient construites. Ce bois, endémique de Tasmanie, est l’un des plus anciens et durables au monde, certaines essences ayant plus de 2 000 ans.
Plus récemment, dans les années 1980, la Gordon River est devenue le symbole d’une mobilisation environnementale majeure. Un projet d’aménagement hydroélectrique menaçait de submerger une grande partie de la vallée. La contestation fut massive, mobilisant scientifiques, citoyens, autochtones et militants. Ce fut l’une des premières grandes victoires écologiques du pays. Ce combat a profondément marqué la conscience environnementale australienne, et renforcé la protection de cette région unique.
Aujourd’hui, la Gordon River attire les visiteurs en quête d’expériences authentiques. Son eau sombre, teintée naturellement par les tanins des végétaux, reflète la forêt dense qui borde ses rives. L’atmosphère y est calme et presque irréelle, notamment au lever du jour, lorsque la brume recouvre encore la canopée.
En naviguant en silence sur ses eaux, on découvre les fameuses Gordon Splits, gorges étroites et sinueuses longtemps considérées comme infranchissables. On observe aussi des espèces rares de fougères arborescentes, de pins Huon, et parfois des oiseaux endémiques comme le martin-pêcheur géant ou l’aigle de Tasmanie. C’est une immersion totale dans une nature brute, modelée par les éléments et les millénaires.
Strahan est le point de départ idéal pour une exploration de la Gordon River. Plusieurs compagnies proposent des croisières quotidiennes, avec des formules adaptées à tous les types de voyageurs :
Pour enrichir l’expérience, plusieurs alternatives ou compléments aux croisières sont possibles :
Strahan est accessible en voiture :
Il est fortement conseillé de louer un véhicule, car les transports publics sont rares dans cette partie de l’île. Des circuits organisés peuvent également inclure le transport depuis les grandes villes, ainsi qu’une croisière. Une fois sur place, les départs ont lieu au terminal Gordon River Cruises, au 24 The Esplanade, Strahan.